Électrisant.
Remarquable et très réussi effet miroir de la salle,
le décor associe sous un immense lustre brillant de mille feux, avant de s’assombrir, ou descendre de ses hauteurs
Subtils et savants jeux d’ouvertures de plusieurs rideaux de scène,
admirables effets de lumière modulant à l’infini couleurs et intensités
Et orchestre de cinq musiciens dominant la scène depuis une estrade.
La musique, tonitruante, rythmée, vivifiante, entraîne filles et garçons dans une chorégraphie toujours élégante et sensuelle, souple, envoûtante, réglée au cordeau comme pour une revue.
Filles et garçons dansent séparément, sans se toucher, comme « habités » d’une
énergie joyeuse, contagieuse, celle de la fête, du « Red Carpet »
Ici intervient le sidérant solo d’Antoine Kirscher, en chaussettes hautes, jarretelles et caleçon blanc.
Tel un possédé, frénétique, il se désarticule et s’agite à la vitesse de l’éclair.
Exceptionnel.
Ofesh Schechter ne se cantonne pas à cette forme de superficialité.
La suite du ballet, alternent moments de violence, de poursuites, de soumission.
Les mouvements se précipitent, la musique se fait stridences ou grondements.
Quand la lumière s’assombrit, des voix lointaines résonnent, les danseurs assis, réunis autour du lustre au sol, deviennent orants, groupe en prière.
Beau passage baigné d’une forme de spiritualité.
Il précède les affres dans lesquels se débattent les corps, avant que ne soit prise d’assaut la tribune des musiciens.
A la suite, on retrouve les danseurs, tenues de soirées abandonnées, en académiques chair, toujours signés Chanel...
Eclairage inversé, musique ralentie mais toujours scandée, diffusent le sentiment du retour de créatures de l’aube des temps.
Les effets de lumières, et les ouvertures des rideaux jouent à plein pour souligner les effets des corps, en groupes, au ralenti ou désordonnés, souligner les mouvements de bras, de bustes .
Illustrations parfois redondantes des interrogations existentielles du chorégraphe,
cette dernière partie s’étire inutilement.
Un affaiblissement que l’on regrette.
« Red Carpet » Une mise en abîme qui demeure un très beau moment.
Une sublimation aboutie avec de formidables interprètes,
Une mention spéciale pour Tom Visser, magicien des lumières.