Le rideau se lève sur la musique d’un Stockhausen octogénaire, spécialement composée pour le chorégraphe.
Les projections au sol dessinent l’ombre de pales d’hélicoptère se mettant en marche. Suivent des raies lumineuses parallèles . Ces projections évolueront en différentes figures au cours du ballet.
La sonorité résonne, une mécanique s’enclenche.
Débutée en douceur par deux filles par une élégante suite de pas néo-classiques, elle évoluera avec six danseurs, trois filles et trois garçons.
Grands moulinets de bras, empoignades des groupes, dislocations, portées aussi imaginatives qu’acrobatiques, affrontements, savantes imbrications des corps, sauts, jetées, tremblements, balancements ponctuent ce long ballet.
Tension soutenue, dynamique explosive, son puissant : cet « Helicopter » provoque le vertige.
Sa conclusion, reprise de l’harmonieux solo féminin de « l’introduction »,
offre un moment de répit bienvenu.
Précédant la deuxième pièce de la soirée, la diffusion d’un dialogue filmé en présence du chorégraphe, permet d’entendre le compositeur exposer le but de cette création musicale.
Conçue comme « Des planètes dans l’espace dans un système solaire », il la compare: » Aux feuilles des arbres qui bougent chacune à leur rythme ».
Licht.
A l’opposé, et tout en se plaçant dans une continuité musicale avec la partition électro de Laurent Garnier, Angelin Preljocaj nous offre une
pièce, je le cite, porteuse : « de désir de liberté, de respect, d’inclusion, de tolérance ».
Généreux programme assurément.
Douceur, harmonie irradient la scène nimbée de lumières douces projetées sur des panneaux translucides de fond de plateau.
Les danseurs, malgré de vilains survêtements dépareillés, laissent irradier tendresse, abandon, douceur des couples de filles et garçons, de garçons, ou de filles.
Rien de choquant, l’harmonie domine, l’amour s’étale. Figures au sol d’étoiles de mer, soulèvements et affaissements ralentis, superposition des corps qui roulent, s’entremêlent, se défont, portées surprenantes inversant les lois de l’équilibre, alignements à la géométrie parfaite, accélération d’élan vital composent cette très séduisante chorégraphie servie par d’excellents interprètes à la technique et l’endurance étonnantes.
C’est beau tout simplement.
Hélas…
Pourquoi cet épilogue débuté dans des cercles en fond de scène où s’encadrent seuls bras et jambes avant que n’en émergent les danseurs tous vêtus de maillots chair décorés de clinquantes parures de strass.
Se déploient de nouveaux enchaînement ralentis,
S’entassent de nouveaux amoncellements des corps,
On se croirait devant une revue de cabaret dépourvue de ses plumes,
Voire au Théâtre des deux boules.
Un moment « d’apothéose » d’un goût douteux.
Une déception qu’il faut savoir oublier
L’ensemble du spectacle surpassant largement la médiocrité de cet épisode.