La génération des baby-boomer n'a plus vingt ans.
Très souvent en famille, elle a rendez-vous avec sa jeunesse.
Ses idoles d'alors lui offrira des souvenirs à leur image, un peu fanés, mais non dépourvus de charme.
Dans un décor à minima, par une porte cerclée d'ampoules scintillantes, ouvrant un rideau cramoisi, ils pénètrent sur le plateau.
Devant l' immense écran lumineux du fond, impeccablement alignés, tous les musiciens de l' excellent orchestre de Michel Gaucher seront de parfaits accompagnateurs. A l'heure des solo, chacun des instrumentistes, cuivre, percussion guitare et harmonica particulièrement, saura illustrer son instrument.
" Classiques" désormais, nos trois lascars sont en veste.
Banane gominée, tout de noir vêtu, voix légèrement éraillée, Johnny, bête de scène septuagénaire, a conservé ce coté fauve, si particulier.
Barbe en collier, embonpoint de bon aloi,élégant complet noir avec pochette et chemise blanche, Eddy demeure, en dépit d'une gestuelle moins spectaculaire, l'irremplaçable interprète de ses inoxydables standards.
Au fil des ans, devenus de vrais " Pros", les deux compères.
Comme émergeant de son sommeil, cheveu en bataille, lunettes fumées et costume de minet, le sourire toujours aussi ravageur qu'énigmatique, Dutronc, fidèle à lui-même, affiche imperturbable son éternelle nonchalance.
Presque toutes écrites par Jacques Lanzmann, aucune de ses chansons n' a rien perdu de son ironie et de son insolence provocatrice: telles une gourmandise, elles se savourent avec bonheur.
Tel un magicien, pour sa quinzième collaboration avec Johnny, le grand éclairagiste Jacques Rouveyrollis ( deux Molière lui ont aussi été attribués au théâtre), réalise des prodiges tout au long de la soirée.
Balayant le plateau, découpant l'espace, plongeant la scène dans d'étranges lumières, faisant défiler sur l'écran du fond scintillements et cascades lumineuses, ponctuant le sol devant les musiciens de l'orchestre, les rangées de projecteurs et faisceaux lasers composent un véritable ballet lumineux qui rythme admirablement chacune des chansons interprétées. Effet époustouflant, splendide esthétiquement.
Si au final les " Vieilles Canailles" reviendront en blouson de cuir, chacun sa version, cloutée pour Jonhnny, classique pour Eddy, sur un tee-shirt blanc loin du cou pour Dutronc, Bercy, hier soir n'a pas vraiment pris feu: couvant durant tout le spectacle, l'incendie ne s'est jamais déclaré.
Les rockeurs devenus " crooners",
Attentif, le public a écouté, comme recueilli pour une célébration