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Dolce & Gabbana « Du Cœur à la Main »

20/2/2025

8 Commentaires

 
Toc et choc 
Lulu abasourdie.  
Au Grand Palais, voilà l’exposition qui aimante les foules.
Un public de tout âge et toute origine se presse, déambule s’esbaudit au fil des salles. Chacune aborde un thème différent.
Un dénominateur commun les caractérise : la célébration de l’Italie, ses richesses, ses savoir-faire.

En avant-propos, cette définition :
« Le sublime n’a pas besoin de mots, il s’impose ».
« …La mode de Domenico Dolce et Stefano Gabbana offre des émotions uniques ».
Nous voilà avertis.
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​Edifiant, le premier modèle, exceptionnelle ode à Paris, voit se dresser sur le devant d’une robe, dûment brodé et signé, une géante Tour Eiffel or .
Idéale pour touriste en mal de souvenir.
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​Le ton est donné.

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​Pour débuter, les modèles aux plumettes multicolores ou l’imprimé fleuri rose bonbon et bleu turquoise ourlé de dentelle crème nous égaient, à l’instar de ce long manteau orné d’iris de couleurs poussant en relief sur un macramé café au lait.

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​L’imagination de deux robes courtes, l’une tout en osier, l’autre, pour mariée faussement ingénue, nous amusent encore

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La suite se révélera autrement surprenante.
Sans limites, sans merci,
Prétention et vulgarité s’y étaleront, luxuriantes et outrancières.
​Exemple sans appel, cette première salle consacrée aux grands peintres italiens de la Renaissance.
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​Au plafond une vidéo, référence à la galerie du Palais Farnèse et aux fresques du Carrache. Aux murs, d’effroyables croûtes,

La cohorte de mannequins géants, au milieu de la salle, exhibent, sans pudeur, des reproductions des plus grands chefs d’œuvre :
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​« Judith » de Giorgione, sur cette robe à volants de lurex
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« La madone de la Sixtine» par Raphaël
Image« Les trois Grâces » de Raphaël en plastron
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​« Portrait de musicien » de Léonard de Vinci pour ce sweat-shirt ras-du-cou dans son cadre en fil doré, cannetille , sequins, et perles, porté sur pantalon en velours brodé de cannetille.
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Douloureux.
​Yves Saint Laurent, en son temps, avait su donner une vision autrement inspirée de son admiration pour les plus grands artistes.
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​J’oubliais : au milieu des « peintures » (après la tour Eiffel), voilà qu’ un palais florentin avec son campanile s ‘affiche au dos d’une jupe longue.

Le « Péplum » ne nous sera pas épargné.
​Des colonnes de plâtres dressées se veulent le temple d’Agrigente…
Une « production » intitulée : « Rêves de divinité ».

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Un vaillant guerrier, porte tunique en toile de jute brodée de cuir,
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​Les motifs des céramiques grecques attiques se retrouvent sur les riches vêtements de
​« leurs » divinités
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Une tenue masculine particulièrement aboutie représente sur un tee-shirt, Arion sur un cheval de mer d’après Bouguerau, maître des peintres pompiers…
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N’omettons pas cet ensemble masculin à l’opulence toute...orientale 
​Et cette éphèbe aux pantalons « dévorés » et « brassières » de cristaux savamment ajustées au buste
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Inattendue, cette belle cape en maille lamée brodée de mousseline conclue l’épisode. ​
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A l’étape suivante, reproduite par les ateliers Orsoni Venezia, tout l’​or de la basilique Saint Marc nous fait cligner des yeux.
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​Pour preuve, cette figure christique et cette chaire à côté desquelles se dresse un mannequin portant tee-shirt brodé d’un christ en sequins et cristaux.

Debout à ses côtés, cet autre en costume brodé d’un complexe patchwork du sol « cosmatesque » de ladite basilique

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​Plus rutilants encore, ce kimono brodé de jais perles en tube de verre et incrustation de tissus,
ou cet ensemble en tulle illusion brodé avec incrustation de brocart Lurex cristaux et cabochons.​


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​Que dire d’une vierge à l’enfant sur le devant d’une tunique portée sur pantalon.

La foi au service de la mode ?
Une présentation à faire pâlir les évêques.
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Changement complet d’ambiance au chapitre suivant.
Place au folklore sicilien.
Couleurs criardes et bariolées recouvrent sans exception sol, murs, charrette, robes, jusqu’aux cafetières, italiennes et réfrigérateurs, sacs et chaussures.
​​Tel le carnaval, le passage divertit, conforme à ses outrances.
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Sans transition, fait irruption la pureté du blanc « baroque ».
Force carton pâte, chérubins potelés, volutes, pilastres et cariatides célèbrent l’admiration portée par notre duo pour le travail de Giacomo Serpota, artiste en vogue au XVIIe et XVIIIe siècle pour ses stucs décoratifs

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Ici « Les couturiers, capturent avec talent (sic) la tension dramatique » entre « simplicité du blanc et opulence des compositions … aux poses complexes ».
Rien de moins.
Et de préciser :
« Modelés avec du crin et de la ouate pour donner du volume, les modèles sont recouverts de satin duchesse et de mikado afin de leur donner la brillance des stucs de Saporta ».
Je vous laisse juge du résultat.
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Espace restreint cette fois pour ce décor noir et or, antre de la 
dévotion privée.
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Agenouillée face à un cœur étincelant, le mannequin en prière nous permet d’admirer sans réserve, le fabuleux travail de broderie au fil d’or sur ce long voile de dentelle noire qui déploie sa traîne face au public.

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​Noires encore, les veuves siciliennes, chapelet ou cierge à la main, nous accompagnent en file indienne dans un couloir

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Elles nous conduisent à la reconstitution d’un atelier de haute couture.
​Instructif pour les néophytes.


Rien d’étonnant à l’hommage rendu au « 
Guépard », film culte pour Dolce et Gabbana,
La galerie des miroirs, décor du bal dans le film de Visconti, se retrouve cette fois avec des miroirs sans tain ou apparaissent des scènes du film.

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​Comparée à la robe portée par Claudia Cardinale, bien décevante celle créée par le tandem. Motif convenu, sur la jupe à crinoline s’affrontent de pâles léopards peints à la main
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​Plus réussies les trois robes de duègnes assistant au bal.



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​Bien dans l’esprit des créateurs encore une cape de velours de coton écarlate frangée d’or sur robe corset en velours avec fil d’or.


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Pour magnifier Milan, centre de la création des collections Alta Moda, Alta Sartoria, et la Madonina protectrice au sommet de la cathédrale de la ville, cette robe à panier et corset de dentelle macramé sous son voile de tulle rehaussé d’empiècements en dentelle paraît d’une légèreté inédite
Utile rappel au style des couturiers, la paire de « cothurnes » posées devant
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Incontournable, indissociable de leur pays, l’
Opéra italien se voit gratifier d’une collection pléthorique.
Elle se veut « traversée fantasmagorique ».

Dans l’ordre d’« apparition » sur scène, quelques exemples pour Verdi.​
                                      
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                                      Aïda : cape en Lurex brodé bordure en fourrure de lynx,
                                      Robe en tulle Lurex avec corset broderies de sequins, cristaux en tulle Lurex
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​Rigoletto : manteau très coloré en jacquard et mikado, pompon en Lurex, brodé de dentelle etc...


​Robe en dentelle Lurex collerette en crinoline en Lurex et dentelle plissée,

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Pas de doute possible pour Tosca , c’est écrit dessus... les plumes canari sur le satin rouge sont du meilleur effet.

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​Au tour de 
Puccini :
Turandot ne laisse pas davantage planer le doute
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Pour Norma de Bellini, les roses roses ou rouge de tissus froissé constellent le satin noir
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​Un garde porte armure de cuir peint et clouté, sabre au pieds

Petits pages d’opérette, accrochés le long d’un mur, coiffés de généreuses plumes d’autruche, quelques mannequins en culottes courtes bouffantes et caracos abondamment brodés, achèvent la démonstration.

Visconti, aurait-il aimé ?
​On est en droit de s’interroger.
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​Annoncée comme « Une des sources d’inspiration importante » voilà les verreries de Murano qui participent au « jeu de reflets » entre vêtements, miroirs et lustres.

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​Sous une véritable forêt de suspensions monumentales ​et devant de gigantesques glaces cernées de cadre lourdement ouvragés, le spectacle sidère.

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​Directement empruntés aux bras de lumière, les fleurs en verre hérissent les robes et coiffures, perles et franges dégoulinent sur d’autres
 Scintillements d’ arbre de Noël illuminé.

​Le parcours nous contraint à revenir sur nos pas.

Passons de l'autre côté des premières salles.
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​Un « simple » tailleur et sa capeline, en raphia or, bien sur, retient notre attention.
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​Pratiques, très portables voyez encore ces robes manteau pour messieurs, en dentelle ou broderie anglaise
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Sortons achevés par « Bacchus et Ariane » du Titien, au point de croix.
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Références culturelles au service d’une mascarade,
Condensé de mauvais goût,
Ostentation, blingbling, surcharge, et kitsch se déclinent sans retenue,
Répétitifs, systématiques, limités, techniques et matériaux se multiplient à
l’identique.

Elégance : mot banni, exclu, oublié, voire inconnu,
La vulgarité le dispute à la prétention déclarée : celle d’une
« Beauté capable de transfigurer le monde ».

Pour tout le travail virtuose accompli par les ateliers,
un véritable dévoiement de la « Couture.
Au regard de tant de talents italiens que l'on admire, la performance atteint au comique.
8 Commentaires
Edith
21/2/2025 11:45:12 pm

Merci Lulu pour ce commentaire détaillé et intéressant. Mais personnellement je n’ai pas eu la même vision.J’ai été saisie par l’imaginaire de ce 2 couturiers, admirative du travail artisanal, étonnée par la scénographie, la réalisation de Florence Muller , l’humour.... Certes ce n’est pas l’élégance de Chanel, Balmain, mais cette exposition m’a fait un bien fou.

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Elisabeth POLLOCK
22/2/2025 02:53:51 am

Summum du mauvais goût, et snobisme racoleur !
LULY a bien raison !
Mieux vaut aller passer des heures au LOUVRE pour parcourir les salles de l'exposition LOUVRE COUTURE, et y admirer les associations formidables entre les plus beaux objets d'art du monde et les créations des grands couturiers internationaux.

Répondre
Edith
23/2/2025 12:55:53 am

Des précisions: il n’est pas question d’avoir raison ou tort, mais d’avoir un regard différent. Les 2 expos n’ont pas le même objectif . ( D et C est d’ailleurs présent au Louvre ) . Ils ont voulu démontrer le talent de l’artisanat italien à son maximum.

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Frédérique Breitner
23/2/2025 03:59:31 am

Bonjour, s'il est exact que l'ensemble de cette exposition est vulgaire et tape à l'oeil , moi j'ai admiré le travail insensé de toutes ces broderies et c'est essentiellement ce que j'ai retenu de cette exposition. il ne faut pas mettre en parallèle les couturiers qui ont su mettre en valeur l'élégance à la française comme Saint Laurent, Chanel, Dior etc....

Répondre
Jean-Pierre
23/2/2025 09:03:11 am

Attendre depuis plus de 1O ans les critiques de Lulu, les savourer, se consoler quelquefois de ne pas avoir vu le spectacle en question grâce à sa lumineuse et succulente narration, et se dire : mais que d’intelligence sensible au service du beau, du vrai.
Courageuse Lulu, aujourd’hui tu sais si bien t’attaquer au naïf carnaval du syndicat d’initiative italien des Dolce/Gabana, avec tant d’humour, que tes critiques sont encore des compliments.
Il s’agit d’habiller des femmes, pour la scène ou la campagne, par pour le théâtre, le music-hall, en femme/sandwich, ne l’oublions pas.
Tu vises juste petite Lulu en rappelant les règles d’une élégance moins voyante, au bas mot.
Continue ainsi, nous sommes nombreux à te suivre et à t’aimer.

Répondre
Anne
23/2/2025 09:34:52 am

Eh bien tu ne t'es pas ménagée, Lulu, pour raconter cette expo effarante!
Cela me freine dans mes envies de sorties!
Ceci dit le "petites mains " ont pu montrer tout le savoir faire de leur métier et il n'en reste plus beaucoup dans le monde parce que trop mal protégé socialement parlant donc les jeunes artisans
disparaissent..certains métiers n'existent plus...
Je n'aime
Que la longue cape colorée en mail et l'ambiance folklo de la Sicile..
Bon; tu m'évites une sortie

Répondre
Anne-Marie Madame QUETTE
25/2/2025 08:17:37 am

Bravo chère Lulu! Quel plaisir de vous lire en regardant ces photos avec votre oeil implacable, devant ce déballage stupéfiant et racoleur,
merci .

Répondre
Sophie
26/2/2025 08:51:08 am

Bravo pour ta description détaillée
Je dois absolument aller voir cette expo mais je ne suis pas sûre d’adhérer à ton opinion tranchée ( je serais plutôt du côté d’Edith)
Je te tiens au courant

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