Elodie Navarre fait face à Jacques Weber.
Elle est Sirin, jeune journaliste israélienne.
Lui, François Genoud, ancien banquier d’Hitler.
Pour rappel au lever de rideau défilent, sur un panneau du décor signé Camille Duchemin, des bandes d’actualité du mouvement nazi.
Nous sommes en 1993.
De nationalité suisse, Genoud finit tranquillement ses jours, installé dans un bunker au fond de la forêt helvète.
Serein, il déclare :
« J’ai opté pour la discrétion, c’est ce qui m’a permis de durer»
Et de continuer à œuvrer dans l’ombre, soutenant sans réserve les mouvements terroristes palestiniens depuis la fin de la guerre.
Dénué du moindre remord, Genoud revendique haut et fort ses engagements.
Au nom « De la défense du pauvre », de la volonté « de s’émanciper de l’emprise des empires coloniaux » il justifie son soutien financier au terrorisme, affiche son scepticisme sur les accords de Camp David.
A propos de l’antisémitisme, il ose affirmer à son interlocutrice :
« La haine du Juif vous incombe »
« Vous êtes un peuple abandonné de Dieu ».
Ajoute pour justifier les horreurs du régime nazi :
« Hitler a essayé de récupérer ce que les juifs ont volé ».
complète cet odieux mensonge :
« Comme les autres travailleurs, les juifs ont été mobilisés ».
Toisée par cet homme à l’assurance méprisante, Sirin ne s’avouera pas vaincue.
La révélation de l’abandon de sa mère juive par son père arabe à l’annonce de sa naissance donnera lieu à un renversement total de situation.
Celle que Genoud pensait accabler et vaincre, exhumera des dossiers de sa sacoche.
Contre toute attente, ils vaudront une décoration à cet homme détestable.
Je ne risque pas de vous révéler ce coup de théâtre.
De la place de Lulu, impossible d’entendre la voix de la comédienne.
D’autres spectateurs s’en sont aussi fait l’écho sur certains sites.
Au sommet de son talent dans « Ranger » de Pascal Rambert en juin dernier, malgré quelques rares éclats, cette fois Jacques Weber semble s’ennuyer, comme absent de cette pièce.
Sans même revenir sur la faiblesse de sa voix,
En dépit de sa bonne volonté, Elodie Navarre ne fait pas le poids.
On s’interroge sur la direction de Julien Sibre. Sa mise en scène du « Repas des Fauves » donnait alors un autre relief aux comédiens.
Il aura fallu quatre collaborateurs pour écrire « L’Injuste ».
Mais exceptée la dénonciation d’un vil personnage, de son impunité , et de ses engagements plus que condamnables,
Une formule inchangée,
Un débat utile pour certains,
sur le plan théâtral,
une recette éculée.