Ayant apprécié la précédente mise en scène de Genet par Arthur Nauziciel: «Splendid’s» à la Colline(chronique de mars 2016)
Pour Lulu, une promesse attendue avec une dévorante curiosité,
Bientôt suivie d’une cuisante désillusion.
Pas de «paravents» ici, mais un monumental escalier blanc d’une vertigineuse hauteur ,spectaculaire décor de Leila Adham.
Y apparaissent presque tous les personnages, Saïd, le petit voleur, en premier.
Et ainsi se perdent dans les limbes, mais Genet dialogue avec les morts, les voix des interprètes.
Privés de la dimension poétique, politique, et métaphysique d’un texte que l’on imagine foisonnant pour le peu qu’il nous est donné d’entendre, difficile, voire impossible de statuer sur une pièce aussi sulfureuse, glauque transgressive à l’image de son auteur.
Faisons confiance aux affirmations audacieuses d’un Genet qui se livre à la démonstration d’un pouvoir opposé à la révolution, devenue à son tour oppresseur une fois la victoire remportée, ce qui revient... au même.
Ecoutons les déclarations d’Albert Dichy, grand spécialiste de Genet, qui analyse les relations toujours cultivées par le poète avec les morts, vrais ou imaginaires, à la place qu’il revendique pour les réprouvés n’ayant pour seule issue que la mort et la poésie.
La troupe du Théâtre de Bretagne, à l’exception par moments de Marie Sophie Ferdane, la mère, se caractérise par sa désolante médiocrité. Dans les deux autres rôles principaux, ni Aymen Bouchou, Saïd le petit voleur, ni Hinda Abdelaoui, sa femme «La plus laide qui soit» n’ont l’étoffe qu’exigent ces personnages troublants. Militaires, Colons, victimes de l’oppression, paradent éructent et hurlent en vain, sans jamais donner la dimension satirique ou dramatique voire surréaliste des protagonistes.
Quels regrets de n’avoir pas assisté à la création mise en scène par Roger Blin, avec Maria Casarès dans le rôle de la mère.
Jamais Lulu ne s’est sentie à ce point frustrée.
Deux heures et demie de souffrances ont eu raison de ses nerfs,
A l’entre-acte option désertion.
Pardon.