« Diplomatie » en 2011 avec Niels Arestrup et André Dussolier,
Cyril Gely maîtrise l’art du « face à face » .
Servie par d’excellents interprètes,
la formule a toujours suscité les faveurs du public.
« Le Prix », tiré du roman éponyme, réunit à nouveau deux grands interprètes :
Pierre Arditi et Ludmilla Mikael.
Cette pièce leur donne enfin l’occasion de jouer ensemble.
Un désir longuement attendu.
Nous sommes à Stockholm le 10 décembre 1946, dans la suite d’un grand hôtel.
Le savant allemand Otto Halm, Pierre Arditi, s’apprête à recevoir le Prix Nobel de chimie pour sa découverte de la scission de l’atome.
La visite inattendue de son ancienne collaboratrice Lise Meitner, Ludmilla Mikael, bouleversera la situation.
De leurs échanges de souvenirs communs,
émergera un lourd passé.
Lise, « femme et juive », se voit privée de toute forme de reconnaissance.
Pour elle a sonné l’heure de vérité.
Contrainte en 39 de tout abandonner pour sauver sa vie,
sa question résonne comme une mise en accusation d’Otto, l’organisateur de sa fuite pour Stockholm :
« Est-ce pour me protéger moi ou te protéger toi ? » l’interroge-t-elle.
Ainsi toutes les ambiguïtés de ce drame se préciseront-elles au cours de la pièce.
Le rôle des scientifiques restés en Allemagne, les accommodements, la cécité volontaire, jusqu’au vol de la découverte arbitrairement attribuée à l’homme seul.
Lise n’élude rien:
« Pas une seule fois tu ne cites mon nom, comme si je n’avais jamais existé ».
Otto parvient toujours à se justifier :
« Signer avec toi, c’était un arrêt de mort ».
Bien mené, l’affrontement finira par un surprenant retournement de la situation, révélateur de toute la complexité des sentiments humains,
Nous ne le dévoilerons pas.
il sauve du piège manichéiste.
Cyril Gely signe un travail abouti d’élève studieux, connaissant son sujet.
il tient son auditoire, sans véritable génie.
Pierre Arditi que Lulu a eu tant de plaisir à écouter en mars dernier dans « La pépinière d’Arditi » (lecture de textes irrésistiblement cocasses)
affirmait à cette occasion : « ne jamais renoncer » à son métier.
Silhouette alourdie, diction souvent perdue dans sa récente barbe en collier, il semble las.
Ludmila Mikael, lui donne la réplique. Juste, combative face à son « alter ego » dont l’attitude l’a révoltée. Elle nous touche dans ses moments de déchirement.
Le beau décor de Juliette Azzopardi permet aux interprètes d’ évoluer dans une pièce cossue. Une grande fenêtre laisse voir la neige tomber et la nuit les envelopper.
A l’instar des précédents, le spectacle « soigné » satisfera le public,
Pour Lulu du déjà maintes fois vu.