Agrégée de littérature classique, Présidente de la Société des Amis de Port Royal, et directrice du Centre Internationale Blaise Pascal.
Confondant d’authenticité, son style en est le parfait reflet.
Ses personnages, non sans rappeler les héros de Madame de Lafayette.
Vous l’aurez compris, si la passion les consume, la grandeur d’âme les élève.
Seule, plongée dans la semi-obscurité, Madame de Clermont, Fanny Ardant incandescente, va évoquer sous la forme de souvenirs ou d’adresse le «coup de foudre» éprouvé pour Monsieur de la Tour.
Nous sommes dans un milieu aristocratique, pendant la Fronde.
Orpheline, élevée au couvent, mariée contre son gré à un homme de trente ans plus âgé qu’elle, déjà mère de quatre enfants, l’irruption de Monsieur de la Tour, jeune parent de son époux revenu à bout de forces de la guerre, va soudain éveiller en son cœur un sentiment jusque là inconnu: la passion amoureuse.
«J’ai su enfin ce que c’est d’aimer».
« Vous étiez une évidence ».
l’intensité de ses sentiments jamais ne faiblira.
Intacte demeurera sa fidélité à un amour brisé par la séparation d’avec l’aimé:
«On ne peut aimer qu’une fois».
Découverte des plaisirs de la chair et tortures morales de deux êtres sincèrement religieux ravageront ces belles âmes.
«J’ai connu votre puissance seigneur, mais c’est votre créature que j’ai élue» reconnait Madame de Clermont.
Accablé par la culpabilité, fuyant Madame de Clermont, c’est à Port Royal que Monsieur de la Tour cherchera refuge.
Une dernière entrevue aura lieu longtemps après.
L’obscurité exigée n’empêchera pas les amants de frémir toujours, la passion de les consumer jusqu’au trépas.
Pouvant parfois résonner de façon anachronique dans ses évocations érotiques, voire impudiques, ou fleurant le mélodrame à d’autres passages, (l’arrivée inopinée du mari précipitant l’amant nu derrière les rideaux) la qualité de l’écriture et l’interprétation de Fanny Ardant déjouent habilement ces traquenards.
Mentionnons absolument le décor de Jean Haas baigné des belles lumières de César Godefroy et l’accompagnement musical signé Armand Amar.
Pareille réunion de talents parfaitement accordés contribue à la réussite de la soirée.
Partageons les affres et les bonheurs de Madame de Clermont.
Elles méritent toute notre attention bien que très inspirées par d’illustres prédécesseurs,
Fanny Ardant est une grande comédienne- tragédienne,
Une soirée toute d’élégance.