On aime sa dénonciation des religions et des ravages de l’intolérance,
On aime ses critiques de la résignation consentie,
On aime sa défense de la liberté, du libre arbitre, de la force de la raison.
Succès jamais démenti depuis sa parution.
La démonstration n’a rien perdu de sa puissance.
Didier Long a su nous en donner toute la résonance actuelle.
Le décor de Jean-Michel Adam permet mille astuces de mise en scène avec une rare économie de moyens dans ce petit théâtre de bois, pourvu de deux planches inclinées et d’un simple poteau. Une toile peinte pour le château, un tissus agité pour la tempête, c’est charmant.
Trois uniques interprètes.
Délicieux d’innocence parfois ébranlée, victime de la cruauté de hommes sans pitié, mais faisant preuve d’une inébranlable persévérance, le Candide de Charles Templon est « simplement » parfait. Ses airs surpris, ses sourires, sa diction parfaits. Incontestable présence, toute en nuances.
Sylvain Katan s’amuse sans retenue dans ses nombreux rôles : Panglos victime de la vérole, moment d’anthologie, travesti en vieille femme difforme, fille de … pape, privée d’une fesse par des pirates, philosophe aigri et j’en oublie,
Cassandre Vittu de Kerraoul, grande et mince, s’investit sans compter dans ses incarnations, ne lésine pas sur les effets. Cunégonde, baronne déchue et amoureuse de Candide, elle connaîtra mille vicissitudes, dont celle d’esclave d’un juif la partageant avec le grand Inquisiteur. Un sommet de grivoiserie iconoclaste. Travestie aussi, la comédienne incarnera encore de nombreux rôles, portant l’épée de son frère, ou sous la capuche d’un père jésuite.
Aujourd’hui encore ils nous conduisent aux mêmes conclusions.
Voilà une soirée bien plaisante.
Rendez-vous avec l’intelligence,
un spectacle à voir par tous.