Les mois rythment leurs rencontres.
Ensemble, elles fêtent les évènements qui ponctuent l’année.
De la Saint Valentin au premier avril, de l’Assomption à la Toussaint, de la fête de la musique à de la rentrée des classes, sans oublier la fête des Mères, nous retrouvons ces quatre « copines » aussi différentes que hautes en couleur.
Il y a Madame Zenia, flamboyante Judith Magre, toute de pourpre vêtue. D’origine juive, personnalité affirmée, et franc parler, elle domine le clan avec l’assurance des nantis et l’énergie des femmes de caractère.
Il y a Madame Zaco, geignante Edith Scob, frêle silhouette en rose layette. Témoin de Jéhova quand ça l’arrange, mais se plaignant toujours de son insuffisante retraite de réversion, elle rêve encore à sa carrière de danseuse ratée.
Il y a Madame Khader, Geneviève Fontanel, en vert émeraude. D’origine kabyle, veuve dès la naissance de son fils devenu musulman intégriste. Son unique souhait après sa disparition : retrouver son petit chien mort écrasé, seule créature véritablement affectueuse de sa vie.
Enfin il y a Madame Yvonne, Claire Nadeau, en jean et chemise d’homme améthyste, parfaite de naturel dans son rôle de syndicaliste catholique et homosexuelle.
De charmantes projections vidéos recréent les différents décors des saynètes qui s’enchainent. Les intérieurs de ces dames qui se reçoivent, un jardin autour d’une église, le bal des pompiers, le square, le cimetière.
Verdeur du langage, répliques assassines, remarques au vitriol permettent à ces comédiennes de donner la mesure de leur talents reconnus dans cette comédie de Stéphane Guérin.
En dépit d’un prétexte parfois mince, il faut voir Edith Scob prise d’une envie soudaine et irrépressible au cimetière, Judith Magre jetant des cailloux dissimulées dans du pain sur des enfants trop bruyants, Claire Nadeau racontant sa découverte des femmes.
Avec intelligence Jean-Paul Muel a su préserver l’extraordinaire complicité qui règne sur le plateau.
Quelques prudes se récrieront.
Mais comment résister à ce quatuor d’enfer ?
Mijaurées s’abstenir.