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Le Radeau de la Méduse de Georg Kayser mise en scène de Thomas Jolly aux Ateliers Berthier jusqu’au 30 juin.

28/6/2017

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Absence de texte
Abondance visuelle et sonore
Passée la fulgurante terreur d’un naufrage :
L’effroyable fracas des explosions,
Les ravages de flammes dévorantes,
L’engloutissement subit du navire déchiqueté par la torpille,
Description glaçante d’horreur,
Débute, en 1940, l’odyssée de ces douze enfants seuls rescapés du vapeur qui devait les mener au Canada, loin des villes anglaises bombardées.
La découverte à bord du canot de sauvetage d’une treizième passager transformera ces enfants, solidaires au départ, en assassins complices et consentants de cet « autre », plus jeune qu’eux, plus vulnérable.
Surnommé «  Petit Renard » par les enfants, l’intrus devient bouc émissaire, victime expiatoire à sacrifier pour la sauvegarde du groupe au nom de la religion.
A l’instigation de cette meurtrière initiative : Anne, celle qui au début a partagé sa bouteille de lait avec chacun.
Son alibi : la connaissance de la bible, les précédents vécus.
 Pour défendre Petit Renard, se dressera Allan, le courageux, celui-là même qui parvient à redonner espoir aux petits naufragés pendant leur dérive de sept jours.
Tombés amoureux l’un de l’autre dès le premier jour, Anne acceptera d’épouser Allan lors du cinquième.
 
Au prétexte de l’intimité requise pour la nuit suivant leur union Anna exige d’Allan de faire sortir Petit Renard de la tente où il s’isolait du groupe avec lui.
Au matin, l’enfant aura disparu.
Allan découvre avec désespoir la situation : la folie meurtrière des enfants pire encore que celle des adultes pourtant dénoncée avec force, par tous, au début de la pièce.
Quand le septième jour l’embarcation sera enfin secourue par un hydravion, Allan que révolte la duplicité du groupe qui entend garder secret le crime « expiatoire » et « salvateur »,  demeurera seul à bord.
Pris pour cible par le chasseur à la poursuite de l’hydravion, il succombera sous les balles, sombrera avec son embarcation, englouti dans les flots.

Georg Kaiser, auteur expressionniste allemand, très célèbre Outre-Rhin jusqu’à l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 33, admiré par Brecht et mort exilé en Suisse après que ses œuvres aient toutes été brulées par les nazis, cette pièce écrite à la fin de sa vie  ne révèle en rien, hélas, un dramaturge de la force et de la bouleversante profondeur désespérée  de son contemporain Ernst Toller découvert avec « Inkemann » à La Colline en 2015.
Tout au contraire.
La version mise en scène par Thomas Jolly ne nous a permis  d’entendre qu’un texte piteux de platitude. Entre imagerie d’Epinal et bande dessinée, ou autres histoires à connotations religieuses pour l’édification des âmes simples.
Généreux dans son initiative, Thomas Jolly a fait appel à de jeunes interprètes justes émoulus de l’Ecole de Strasbourg.
Leur immaturité, leur maladresse, leur manque de naturel, leur jeu forcé, vient encore alourdir un « drame » véritablement desservi par ses acteurs.
Pour ressentir toute la férocité dont sont capables des enfants, il suffit de se souvenir de « The Lord of the Flies » de Harry Hook. Tout autre est la sensation d’horreur.
 
Seul le talent du scénographe, jeune metteur en scène « tendance » et enfant chéri d’un certain public, parvient à admirablement souligner l’horreur de la situation.
Travaillés à l’extrême, d’une incontestable justesse dramatique, les effets sonores et visuels sont éblouissants.
Pour rythmer l’action, de lourds rideaux noirs ferment le plateau. Semblables à des flammes, ou des langues de brouillard, des larges rayons de lumière laiteuse parcourent leur plis ondulés ;
Posé à même le plateau, le canot ne finira jamais de tournoyer (sans tanguer) sur lui-même, tour à tour enveloppé de brumes, pris dans d’étranges faisceaux lumineux ou dans l’obscurité presque complète.
 
En fond sonore, une musique originale, obsédante et lugubre résonne sourdement.
 
Quant aux bruits du naufrage, ils vous glacent littéralement, terrifiants, apocalyptiques :
A peine discernable dans une suspension de vapeur d’eau, l’apparition de l’hélice de l’hydravion, avec son bruit assourdissant, dégage une mystérieuse étrangeté, telle une apparition surnaturelle.
 
Saluons le travail de Heidi Folliet et Cecilia Galli, pour la scénographie, Laurence Magnée pour les lumières, Sébastien Lemarchand pour les vidéos et effets spéciaux, et la musique originale de Clément Mirguet.

Au théâtre, abondance d’effets visuels sonores jamais ne combleront la vacuité d’un texte et la médiocrité des interprètes.
Une tragédie sans une once d’émotion,
D’un ennui écrasant.
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