Ses bons mots, ses cabotinages , ses redondances, sa misogynie .
Prolifique, auteur à succès, il a écrit plus de cent trente pièces de théâtre .
Crée pour sa première épouse Charlotte Lysès, qu'il quittera bientôt pour Yvonne Printemps, " La Pèlerine écossaise" est fort éloignée du cynisme affiché par la suite chez notre auteur de boulevard.
Douce-amère, baignée d'une tendre mélancolie, tout l'humour et la verve de l'écrivain s'y expriment déjà.
Sous des aspects brillants, affleure une sincérité palpable, non dénuée d'une certaine profondeur.
En " villégiature" dans leur maison bretonne au bord de la mer, un jeune couple dans l'aisance, se prépare à accueillir par obligation mondaine, un vieil ami séducteur invétéré accompagné de sa maîtresse du jour.
Cédant à la " tentation" d'un plaisir nouveau, leur amour manquera se briser irrémédiablement.
C'est le jeune voisin entreprenant qui tente avec insistance de séduire Françoise.
Quant à Philippe, la très jeune compagne de son vieil ami ne résiste pas à sa cours .
Par un effet de retournement aussi adroit qu'inattendu, les conseils prodigués par notre Don Juan vieillissant sauvera le couple d'un naufrage quasiment consommé.
Pierre Laville , excellent metteur en scêne de David Mamet, a transposé de nos jours ce monde bourgeois privilégié d'avant la première guerre.
Je regrette ce parti-pris.
Fidèle au texte, trahissant l'esprit de cette époque révolue, trop de répliques perdent tout vraisemblance ( même si l'on rit à l'évocation des frères Flaubert par le Maire du village qui se targue d'admirer sans réserve le docteur, alors qu'il considère " Beaucoup moins intéressant le littérateur. " )
Arnaud Denis est Philippe le mari, rôle créé par Guitry. Récipiendaire d'un " lulu d'or " pour son interprétation du Misanthrope la saison dernière, il ne semble pas à l'aise dans ce registre. Lui font défaut toute la légèreté faussement désinvolte du personnage, une certaine prestance, un détachement factice. On en est désolé.
Très justes, mais sans véritable couleur, les femmes sont interprétées par Delphine Depardieu et Mona Walravens.
Le serviteur chinois est l'excellent jeune Nathan Dunglas.
Marcel Philippot incarne avec un sens du comique irrésistible, dosé avec un art consommé, et sans jamais forcer la note le personnage d'Adolphe Mérissol. Toutes ses répliques font mouche, sa présence sur le plateau éclate comme des bulles de champagne.
Dans cet écrin unique de la salle bleue et or du Théâtre Daunou , on aurait souhaité aussi un décor moins vilain ( Caroline Mexme ), et des costumes moins disgracieux ( Virginie Houdinière).
Malgré un fort joli départ, la pièce ne tient pas ses promesses.
D' inévitables longueurs dans le texte finissent par gommer le piquant de l'intrigue
Harmonie entre les ors ternis de Rateau et le texte fané de Guitry.