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La Cerisaie d’Anton Tchkhov par les TG STAN, Festival d’Automne  à la Colline jusqu’au 20 décembre.

7/12/2015

1 Commentaire

 
​Comme une indifférence.
Mes fidèles et attentifs lecteurs savent depuis bien des années quelle admiration suscite chacun des spectacles du collectif TG STAN déjà récipiendaire de plusieurs LULU d’OR.
Vous ne trouverez pas la chronique de leur dernier spectacle présenté avant l’été, «  Trahison » de Pinter, chef d’œuvre de subtile cruauté savamment distillée. 
Toutes les autres sont toujours consultables sur le site, à commencer par «  Les Estivants » de Gorki (novembre 2012). 

Leur célébrité allant grandissant, c’est dans la grande salle de La Colline que nous les retrouvons cette fois pour le Festival d’Automne.

Fidèles à leur habitude, les comédiens assistent, Frank Vercruyssen en tête, à l’entrée du public dans la salle.
Fidèles aussi à leur style, la déglingue caractérise un décor composé de bric et de broques, avec meubles de récupération et quelques panneaux mobiles, en bois vermoulu encadrant des vitre sales et surmontés de stores à lamelles pour délimiter l’espace avec changements à vue.

Jouée dans ce cadre improbable, dans l’esprit de la pièce, les comédiens sont tous habillés dans des vêtements ultra modernes et ordinaires, tel ce jogging synthétique à bandes de couleur pour Liouba à son retour de voyage, sa mini robe transparente blanche sur petite culotte noire,  la veste de vilaine fausse fourrure de sa fille, ou l’affreux costume de l’oncle Liona.

Le décalage est affiché,
Pour s’étendre jusqu’au physiques des acteurs,
A l’interprétation des personnages.

Dominant la distribution, Frank Vercruyssen est un Lopakhine plus pitoyable que prédateur ;
Parvenu, obsédé par ses origines dont il ne fait pas mystère,
Maladroit, emprunté, sa fortune rapidement acquise parait davantage l’embarrasser que satisfaire une soif de pouvoir.
Il semble subir plutôt qu’assumer son irrépressible besoin de travailler, Paralysé par d’ambigus sentiments amoureux, il se condamne lui-même à la solitude.

L’autre figure phare du collectif, Jolente de Keersmakaer, est Liouba.
Première réserve, non sans conséquence pour la vraisemblance :
Ses traits, sa silhouette, son allure ne rappellent en rien son personnage.
Formidable interprète de Gorki ou Pinter, ici sa gestuelle répétée sans fin, à la fois interrogative et impuissante, bras à moitié levés, mains écartées, tête tendue vers son interlocuteur, ses intonations parfois hystériques ou effusives à l’excès, ses inquiétudes feintes, son insouciance trop affectée ternissent un jeu dénué de charme, privent de pathétique cette femme à la fois méprisable et bouleversante.
De même, Robby Cleiren dans le rôle de Liona son frère, pétri d’idées et de culture stérile, velléitaire, paresseux notoire, est aussi difficilement crédible en fils d’aristocrate ruiné.
Réservant tous les autres rôles à de très jeunes comédiens, la ravissante Evgenia Brendes, d’origine russe, blonde comme les blés, aux grands yeux d’azur profond, est la malheureuse Varia. Quelques répliques prononcées dans sa langue maternelle donnent soudain une toute autre résonnance au texte redevenu profondément thékhovien.
Suscités par de volontaires maladresses de mise en scène, le coté comique voulu par l’auteur est assuré par  le double rôle de Semoin le comptable et Firs, le vieux serviteur, joués par le    … jeune Stijn Opstal. Faux arlequin à la mine toujours réjouie, à l’air surpris et enjoué en dépit des rebuffades et malchances qui l’accablent, sa grande jeunesse réduisent à néant le personnage du vieux valet.

Tous très jeunes aussi,  Evelien Bosmans est Ania, la fille de Liouba, Scarlet Tummers est Douniacha la femme de chambre, Rosa Van Opstal la gouvernante, Lukas De Wolf l’étudiant, et leur ainé, Bert Haelvoet, le propriétaire terrien parasite, complètent cette curieuse distribution.

Changement d’époque, affairisme d’une nouvelle classe de la société, négligences de nantis d’un autre temps, attachement sentimental et drames personnels des uns, idéalisme et romantisme des autres, sacrifices de certains, aussi étrangement illustrés avec tant de libertés dans la mise en scène, laisse rêveur.

Si la scène dans le jardin, avec ses personnages assis en ligne sur leurs tabourets posés sur une étroite table en diagonale du plateau, crée une jolie trouvaille de mise en scène, l’ensemble de la représentation n’apporte rien, pas même cette soirée, vue au travers des vitres, où les danseurs se déchainent furieusement sur nos musiques d’aujourd’hui.

Une version de «  La Cerisaie » qui suscite trop de réserves :
Scepticisme et indifférence en remplacent émotions et serrements de cœur.
Une souffrance destinée au spectateur.
1 Commentaire
Jean-Pierre MICHEL
7/12/2015 08:30:33 pm

Quelle fine et pénétrante critique ! Tout est ressenti et si bien décrit par notre subtile Lulu qui sait parler pour si bien dire.

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